Les initiatives visant à répondre aux effets de sècheresse ont permis de relever la situation humanitaire des populations du Grand Sud. Les taux de malnutrition aiguë sévère et de malnutrition aiguë globale sont globalement en-dessous des seuils d’alerte.
Amélioration significative de la situation humanitaire dans le Grand Sud de l’Île. Tel a été le constat de la visite de deux jours, effectuée dans les régions Anosy et Androy par une délégation conduite par Violette Kakyomya, coordonnateur du Système des Nations unies (SNU) à Madagascar et par Thierry Venty, secrétaire exécutif du Bureau national de gestion des risques et catastrophes (BNGRC), comprenant également des représentants des ambassades de la Norvège et du Japon.La délégation a, de même, effectué le suivi des différentes initiatives multisectorielles déployées dans le cadre de la réponse aux effets de la sécheresse. Parmi celles-ci figure le projet conjoint « Soutien à la réponse humanitaire et aux activités de relèvement précoce aux personnes les plus vulnérables en situation d’insécurité alimentaire sévère, touchées par la sécheresse dans la région d’Androy », financé par le gouvernement japonais.Ainsi, sept sites et réalisations, dans les districts d’Amboasary et d’Ambovombe, ayant bénéficié de financements, ont été visités. Il s’agit du Centre de santé de base d’Ambondro, de l’EPP Anatirova, ainsi que de la piste Erada-Ambovombe réhabilitée grâce au Programme Argent contre travail assorti d’épargne. Le champ Bevala permettant d’aider les petits producteurs, le système de captage de l’eau de la rivière Mandrare par pipeline à Amboasary, et le centre de production à grande échelle de semences à Tsarapioke ont aussi bénéficié de l’attention et de la satisfaction de la délégation conjointe de la SNU et du BNGRC.Madagascar a fait face à trois années successives de sècheresse, aggravée par le phénomène El Nino au cours de la campagne agricole 2015-2016. Cette sécheresse a fortement affecté les régions semi-arides des régions Atsimo-Andrefana, Androy et Anosy, où vivent 1,7 million de personnes. Près d’un million d’entre elles ont nécessité une aide humanitaire immédiate entre 2016 et 2017, selon les résultats d’analyse du « Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire » (IPC).
La station de captage d’eau du Mandrare par pipeline à Amboasary.
VigilanceUn plan de réponse humanitaire a été élaboré en février 2016 (révisé en octobre 2016) pour couvrir la période allant jusqu’en juin dernier. Ce plan a été mis en œuvre avec un budget total de 154,9 millions de dollars, couvert à 65% grâce aux contributions du gouvernement et de ses partenaires. En outre, un Plan de relèvement et résilience (PRR) a été développé et va couvrir jusqu’en 2019.Par ailleurs, la saison des pluies a été favorable à l’agriculture dans la plupart des districts du Grand Sud, en 2016 et en 2017.Grâce à la combinaison de ces bonnes précipitations et des interventions, la situation humanitaire s’est améliorée par rapport aux deux années précédentes. Selon l’analyse IPC, menée en juin, pour la période de juin à septembre de cette année, aucun district ne sera classifié en phase urgence.Cependant, les acteurs humanitaires reconnaissent qu’il y a encore plus de 410 000 personnes toujours en phases crise et urgence, soit 25% de la population totale des trois régions du Sud, pour la période de juin à septembre 2017, pour lesquelles une assistance humanitaire d’urgence sera requise. Pour les populations en insécurité alimentaire modérée, la Stratégie de relèvement et de résilience devra être renforcée pour assurer le continuum entre l’humanitaire et le développement.Par ailleurs, plus de 73% de la population des neuf districts affectés continuent d’utiliser des points d’eau non améliorés. La santé des populations les plus vulnérables reste à risque, principalement celles qui vivent dans des zones difficilement accessibles (à plus de10 km des CSB), et la vigilance reste de rigueur pour les districts en phase de crise pour éviter un nouveau basculement en phase d’urgence. Tout cela est, toutefois, fragilisé par la vulnérabilité structurelle et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique qui frappe le Grand Sud.En fait, la proposition du SNU et des ministères concernés, avec le soutien des partenaires, consiste « à promouvoir et à développer une transition entre les interventions humanitaires avec celles de développement via un relèvement résilient des ménages vulnérables et des institutions ».Le projet conjoint financé par le gouvernement japonais, au profit de 750 000 personnes dans la région Androy, la plus affectée par cette crise, et soutenant la relance du Système d’alerte précoce, interrompu depuis 2011, en est un exemple. Parallèlement, le projet de protection sociale sera poursuivi ainsi que celui de relèvement économique.
Les petits producteurs sont aidés à Bevala.
Appuis pour un développement durable
La mobilisation de ressources en faveur de la population du Grand Sud auprès des acteurs et partenaires, sensibles au développement durable du pays, est essentielle. À titre d’exemple, le budget du Plan de relèvement et de résilience (PRR), qui doit prendre la suite des interventions humanitaires, est de 189 millions de dollars pour trois ans. Il est actuellement mis en œuvre mais seulement financé à 4%, à ce jour. Il est primordial de maintenir le financement des interventions humanitaires et de développement pour continuer à sauver des vies dans certaines zones localisées, à renforcer la résilience de la population qui vit dans cette zone à sécheresse cyclique, et à mettre en œuvre des projets structurants pour soutenir un développement durable.
Un atelier a été organisé afin de tirer des leçons sur les réponses au phénomène climatique El Nino.
Un atelier post El Nino
Cette visite conjointe a été précédée, une semaine auparavant, d’un atelier de trois jours sur les leçons apprises des réponses au phénomène climatique El Nino dans le Grand Sud. En voici les grandes conclusions :1.Élaboration au niveau du Grand Sud d’un manuel de procédures de coordination, en cohérence avec le manuel disponible au niveau national ;2.Mise à disposition des ressources suffisantes pour la coordination ;3.Conduite d’une planification pluriannuelle intégrant les dimensions humanitaire, développement, protection sociale et relèvement ;4.Maintien, avec une révision, du Plan de relèvement et de résilience (PRR) comme outil de transition, la poursuite des actions humanitaires surtout pour les zones encore classées en phase Urgence, et la révision du plan de contingence sècheresse ;5.Vulgarisation et la traduction de tous les outils de planification en documents opérationnels pour les acteurs sur place ;6.Opérationnalisation de la stratégie de communication pour le Grand Sud ;7.Appropriation et pérennisation en termes de budget de fonctionnement et de ressources humaines du système d’alerte précoce et des autres systèmes d’information une fois relancés ;8.Actualisation de la cartographie de toutes les interventions dans le Grand Sud.
Recueillis par Prosper Rako