L’Autrichien Matthias Walkner a offert un dix-septième Dakar d’affilée à KTM Factory Racing. Il succède à son équipier Sam Sunderland au palmarès.
Quelle domination ! KTM vient de signer une dix-septième victoire de rang, au Dakar. Au terme de la quatorzième et ultime étape de samedi, à Cordoba (Argentine), l’Autrichien Matthias Walkner a assuré sa première place au classement général, avec un cumul de 43h 06min 01sec, après plus de 5 000 km d’épreuves spéciales et 4 000 km de liaison à travers le Pérou, la Bolivie et l’Argentine. Il a devancé l’Argentin Kevin Benavides (Honda) et l’Australien Toby Price (KTM), sur le podium de cette édition 2018. Walkner succède à son équipier, Sam Sunderland, au palmarès du plus célèbre et du plus dur des rallye-raids.Plus ouvert que jamais, le premier rebondissement dans la catégorie moto est venu avec l’abandon prématuré de Sam Sunderland dans les dunes de San Juan de Marcona, au quatrième jour. C’est le tenant du titre, vainqueur de deux des trois premières étapes, qui laisse alors le champ libre à une meute affamée… et emmenée par les jeunes Adrien van Beveren (Yamaha) et Kevin Benavides (Honda). Les deux hommes ont mis à mal l’habituelle domination de KTM. Ils se sont échangé la tête du général à plusieurs reprises. Une bataille entrecoupée des coups d’éclats de Joan Barreda ou Antoine Meo, avant une intense et dévastatrice dixième étape. Une étape qui aurait dû permettre à Barreda de triompher sur ses terres, mais qui aura finalement mis fin à ses espoirs avec une terrible erreur de navigation dans les rios de Belén en fin de spéciale.
L’Autrichien était en extase à l’arrivée finale.
Deux katoches sur le podiumC’est Matthias Walkner et Van Beveren qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu, durant cette dixième spéciale décisive. Mais le pilote Yamaha a lui aussi chuté lourdement par la suite et a été contraint à l’abandon. Résultat, Walkner s’est retrouvé seul devant. L’Autrichien n’avait plus qu’à gérer. Et c’est ainsi qu’il a remporté le plus beau fait d’armes de sa carrière et a permis à KTM de maintenir une incroyable série de dix-sept succès consécutifs. Et encore, Toby Price a réussi à arracher la troisième place, ce qui fait donc deux katoches sur le podium.À l’arrivée finale, Walkner était en extase. « C’est complètement fou. Mon but était de me faire une place sur le podium. C’était très serré. La dixième étape a été la clé dans ce rallye. C’est un rêve qui se réalise. C’était un Dakar fou, le niveau était tellement élevé. On était cinq ou six à pouvoir gagner et j’ai été le plus chanceux. Il faut de la chance, parfois on en a et parfois non. Cette fois, elle était de mon côté », lance celui qui vient de boucler son quatrième Dakar avec une première victoire, aux commandes d’une 450 Rally.
Carlos Sainz décroche son deuxième Dakar après 2010.
Peugeot termine en beauté avec Sainz
Peugeot termine sur une bonne note. Pour son dernier Dakar, la marque au Lion a signé une troisième victoire en quatre participations. La première place de la catégorie auto est revenue à l’Espagnol Carlos Sainz, associé à son compatriote Lucas Cruz, au terme de la quatorzième et ultime étape de samedi, à Cordoba (Argentine). Peugeot a aligné un véritable Dream Team cette année, avec également Stéphane Peterhansel, Sebastien Loeb et Cyril Despres. Mais Loeb a été contraint de jeter l’éponge, tout comme Peterhansel après un accident. Heureusement, il est resté El Matador qui signe ainsi son deuxième succès après celui de 2010. Sur le podium, sa Peugeot 3008 DKR Maxi N.303 devance les Toyota du Qatarien Nasser Al-Attiyah et du Sud-Africain Giniel de Villiers.Carlos Sainz fait partie du cercle fermé des pilotes à avoir remporté le championnat du monde de rallye WRC ainsi que le Dakar. Ils sont trois au total dont les Finlandais Juha Kankkunen et Ari Vatanen. L’Espagnol devient le vainqueur auto le plus âgé, à 55 ans et 284 jours. « Je suis très content. C’est une récompense magnifique. La joie est immense, cela me rappelle ma dernière saison de WRC en 2004, je m’étais imposé sur le rallye de Cordoba, exactement sur les mêmes pistes qu’ici avec le Dakar. J’ai connu des abandons ces dernières années, mais j’ai toujours fait de mon mieux. Et cette fois-ci, c’était un Dakar très dur. Maintenant, je vais profiter de cette victoire et voir ce que je ferai à l’avenir. Peugeot se retire et moi, je vais en discuter avec ma famille », s’exclame-t-il à l’arrivée finale.
La 450 Rally, une machine de dernière génération
C’est donc la dix-septième victoire consécutive de KTM au Dakar. Le rallye-raid a vu plusieurs modèles du constructeur autrichien sur la plus haute marche du podium. Citons la LC4 660R, la LC8 950R, la 690 Rally et, depuis 2011, la 450 Rally. Cette dernière en est donc à huit succès aujourd’hui, avec à son guidon l’Espagnol Marc Coma (2011/14/15), le Français Cyril Despres (2012/13), l’Australien Toby Price (2016), l’Anglais Sam Sunderland (2016) et cette année, l’Autrichien Matthias Walkner. KTM a atteint l’objectif fixé en novembre, lors de la présentation du dernier millésime de la 450 Rally, au salon EICMA de Milan, qui était de remporter une nouvelle fois le Dakar. Les deux ans de développement de la firme de Mattighofen ont porté leur fruit, avec une machine bien plus rapide et plus légère, qui a également gagné en stabilité et en agilité. Derrière des carénages redessinés, on retrouve un tout nouveau cadre taillé sur mesure. Grâce à cette nouvelle conception, un espace a été libéré entre la tête de fourche et le boitier de filtre à air, ce qui permet d’y loger la batterie et les composants électriques. La répartition des masses est ainsi optimisée. Enfin, la partie arrière a été repensée avec un bras oscillant et un amortisseur redéfini. En plus de la partie cycle revue de fond en comble, la dernière 450 Rally se voit équipée d’un nouveau monocylindre 450 cm3. Le bloc a notamment reçu un nouveau corps d’injection. D’après KTM, il en résulte un pic de puissance plus important et une réponse plus franche de l’accélérateur, ainsi que de meilleures aptitudes de fonctionnement dans les altitudes élevées. Tout un ensemble qui a permis à Walkner d’étendre le record du constructeur autrichien au Dakar.
L’Espagnole apporte une touche glamour au team KTM Factory Racing.
Laia Sanz termine en douzième position
Qui a dit que le Dakar était réservé aux hommes ? Pour sa huitième participation, Laia Sanz a signé une belle douzième place du général. Également au guidon d’une KTM, l’Espagnole a bataillé dur pour obtenir ce résultat. C’est son deuxième meilleur classement, après la neuvième position décrochée en 2015. « Il y avait beaucoup de poussière et c’était difficile à manœuvrer. Il avait Nosiglia assez proche de moi au général. Et donc, j’ai poussé et j’ai réussi à le dépasser. Par la suite, je me suis calmée. Je suis très contente de cette douzième place. Je suis très proche du top 10, je ne peux pas demander plus », déclare-t-elle à l’issue de l’ultime épreuve spéciale. Laia Sanz espère une présence un peu plus importante de la gent féminine, au Dakar, dans les prochaines éditions : « Je suis particulièrement heureuse d’avoir disputé le Dakar huit fois et d’avoir terminé à chaque fois, ce qui est toujours compliqué. J’espère que plus de femmes oseront courir le Dakar à l’avenir. »
Cette photo d’Eric Vargiolu a été élue à l’unanimité par le jury.
La meilleure photo à Eric Vargiolu
Chaque année depuis 2011, un prix est décerné au photographe qui réalise le meilleur cliché des coureurs du Dakar. Il porte l’appellation de Prix Emilie-Poucan. Pour l’édition 2018, il est revenu à Eric Vargiolu, photographe pour l’agence DPPI, qui a couvert son quarantième Dakar cette année. Sa photo a été élue à l’unanimité par le jury. « J’avais étudié cette étape et observé que les premières voitures partaient à 6 heures du matin, au moment du lever du soleil et que le cap général des concurrents était plein Est, ce qui permettait d’avoir un éclairage parfait et bénéficier des premières lueurs du soleil en espérant qu’il n’y ait pas de brume matinale. Pour la première fois, les voitures partaient en premier, du coup il n’y avait aucune trace des motos. Cas exceptionnel ! », explique-t-il à propos de son instantané.
Textes : Haja Lucas RakotondrazakaPhotos : AFP