Le clash d’Antaninarenina, ce haut lieu des Finances, publiques et privées confondues, continue de focaliser les attentions. Observateurs ou analystes et simples citoyens avisés s’accordent à émettre le même constat qu’il s’agit d’une grande première de la République, particulièrement dans le domaine des Finances. Faisant partie des quatre ou cinq départements de souveraineté, le ministère des Finances et du Budget, un domaine régalien de l’Etat, n’a jamais été confié qu’à une personnalité de confiance, fidèle parmi les fidèles d’Iavoloha.
Le tandem entre elle et le Chef de l’Etat coule de source. Un portefeuille, donc, qui n’est guère octroyé à n’importe qui. C’est un fait rare, voire unique dans un pays comme le nôtre qu’un ministre des Finances quitte de son propre gré, pour un désaccord ou pour une quelconque contrariété, le Gouvernement. D’autant plus qu’il tenait à donner publiquement les raisons essentielles de son départ. Normalement, le démissionnaire devrait respecter, en pareil cas, le principe de l’obligation de réserve. Une loi non dite ni écrite mais qui régit, en général, le comportement des concernés dans ce genre de situation.L’évènement suscita un certain intérêt à l’opinion dans la mesure où il a permis d’y voir encore plus net le dysfonctionnement et l’incohérence qui existent au sein de l’équipe dirigeante du pays. Phénomène qui explique clairement le blocage du régime conduisant la Nation vers la débâcle.Par contre, le clash fit naître un certain espoir parmi les citoyens du fait qu’il donnerait l’occasion aux hauts dirigeants de l’Etat de procéder à un « nettoyage », une bonne fois pour toute, du Gouvernement. D’ailleurs, le Chef de l’Etat le fit savoir, plus d’une fois, qu’il existe des hauts responsables inaptes et… ineptes dans l’entourage du pouvoir et qu’il allait prendre des mesures sévères à leur encontre. Le Premier ministre, de son côté, ne mâchait pas, non plus, ses mots pour fustiger les brebis galeuses qui ternissent l’image du régime, sinon de l’Etat. Ainsi, on s’attendait à un « balayage » de grande envergure ou à un « lavage » complet, pourquoi pas ! Il en faut.Grande fut la déception, voire le dépit. Le Chef de l’Etat, au lieu de profiter l’occasion qui se présente, il se contente d’opérer à un bouche-trou. On s’habitue, en fait, à des grandes déclarations peu suivies d’actes concrets. Les discours solennels, du stade mythique de Mahamasina au palais d’Etat d’Iavoloha, se suivent et se ressemblent, tout juste pour amuser la galerie. Et ils continuent à berner le pays. La situation va de mal en pis !Le sociologue politique de renom, Rasolo André, voit clairement vrai dans sa perception des faits. A travers une « lettre ouverte à la Communauté internationale (Ci) », il dénonça, désespérément, la gravité et la dangerosité de la situation qui prévaut à Madagascar en ces temps-ci et qu’il supplia la Ci de faire le nécessaire pour épauler le pays afin de pouvoir se débarrasser de ce « mal ». Espérons que les tenants du pouvoir verront les choses de la même manière ! Les chances s’avèrent très minces à ce qu’ils partageraient la même vision. En tout cas, il s’agirait d’une attitude politiquement incorrecte et antipatriotique. Le pays s’enfonce au fil des jours. Un geste criant et décevant de leur part.
Ndrianaivo