Une utilisation de forces démesurée. La rencontre prévue par les députés pour faire un rapport à leur électorat a été réprimée dans le sang par les Forces de l’ordre, déployées massivement à Analakely samedi. Le bilan communiqué par les responsables auprès du CHU-HJRA fait état de 2 morts. Du côté des députés, l’on parle de 4 morts au moins, dont certains ont été tués par balles. Une quinzaine de blessés ont été évacués vers les centres hospitaliers de la Capitale. Des députés et des journalistes ont également été grièvement blessés. C’est le bilan de la manifestation projetée par les députés TIM-MAPAR, samedi dernier à l’Hôtel de Ville.
La rencontre était prévue être pacifique. Les députés élus dans la Capitale et leurs confrères avaient annoncé vouloir simplement rendre compte à leur électorat les évènements ayant émaillé l’adoption des lois électorales à polémique à l’Assemblée nationale. A quelques mois de l’élection présidentielle, ces élus s’insurgent du contenu de ces lois qui tendent à favoriser le Président Rajaonarimampianina et exclure les potentiels candidats adversaires. Cependant, les caciques du pouvoir ne voyaient pas la chose du même œil. Des milliers d’hommes en treillis ont ainsi été déployés à Analakely pour réprimer violemment les manifestants.Répression militaireL’une des victimes décédées, a été atteinte par une balle réelle, lorsque, vers midi, la foule a débordé les policiers, les gendarmes et les militaires déployés, à l’issue d’un face à face tendu de trois heures sur la place du 13 Mai, à Analakely, selon de nombreux témoins. Les Forces de l’ordre avaient auparavant multiplié les tirs de grenades lacrymogènes et ceux avec des balles en caoutchouc sur la foule de manifestants, qui a répliqué à coups de jets de pierre. Les grenades lacrymogènes balancées par les éléments de l’EMMO ont atterri dans la cour de la Croix Rouge et de l’hôpital située à quelques mètres de l’ancien site de l’Ambassade de France. Des enfants hospitalisés ont été asphyxiés (voir article par ailleurs). Le député Paul Bert Rahasimanana dit Rossy, le seul à réussir à pénétrer sur le parvis de l’Hôtel de ville d’Analakely, au prix d’une empoignade avec les Forces de l’ordre, a déclaré vouloir « la démission de Rajaonarimampianina » à la suite de cette répression militaire. Une demande reprise durant les interventions des députés à la tribune installée sur le parvis de l’Hôtel de ville vers la fin de l’après midi. Des jets de grenades lacrymogènes avaient débuté vers 9h du matin lorsque les députés de l’opposition et leurs soutiens ont fait leur apparition du côté d’Ambohijatovo pour descendre à pied vers le centre d’Analakely. Une veillée mortuaire devait avoir lieu sur le parvis de l’Hôtel de Ville hier durant la matinée en l’honneur de ces disparus, mais elle a été annulée. En effet, les corps des défunts n’ont pu sortir des hopitaux que vers midi, après les formalités d’usage. La veillée avait pourtant été prévue pour débuter à 10h du matin. En outre, hier, dès l’aube, le centre-ville a été inondé par les Forces de l’ordre. Leur nombre a quintuplé par rapport à samedi, sur ordre express du Président de la République, selon les informations qui circulent. Des éléments armés issus des Régions aux alentours de la Capitale ont été réquisitionnés pour empêcher la manifestation prévue. Rendez-vous ce jourSamedi dans la soirée, le Premier ministre Mahafaly Solonandrasana Olivier et le président du Sénat Rivo Rakotovao et non moins président du parti au pouvoir, avaient tenu des discours d’apaisement appellant notamment au dialogue. La présence massive des militaires armés jusqu’aux dents d’hier vient toutefois de désavouer ces appels à l’apaisement. Notons par ailleurs que le locataire d’Iavoloha est rentré hier en catimini, comme lors de son départ. En tout cas, la présence massive des Forces de l’ordre a été dissuassive. La veillée prévue par les 73 députés a été annulée. Ces élus seraient par ailleurs aujourd’hui sous la menace d’une arrestation par le pouvoir, selon les informations. Notons que l’ancien Président de la Transition Andry Rajoelina a fait parvenir une délégation auprès des familles des victimes. En dépit de l’annulation de la veillée, des milliers de manifestants se sont donné rendez-vous à Analakely, hier. Aucun heurt n’a été enregistré. Rendez-vous est de nouveau donné ce jour par les députés. La manifestation risque d’être de plus grande ampleur. Les fonctionnaires et les syndicalistes sont invités à venir renforcer les rangs des manifestants. En tout cas, bien que réprimée, la manifestation de samedi est loin d’être un échec. Pour les observateurs, il se pourrait que la mort de ces victimes soit les meurtres de trop pour le régime du Président Hery Rajaonarimampianina, dont les mains sont quoi qu’on dise, souillées de sang. La Rédaction