Une délégation d’une trentaine d’entrepreneurs français regroupés au sein du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) [*] est dans nos murs depuis hier. Après la rencontre avec le président Andry Rajoelina à Iavoloha, la délégation était reçue à Mahazoarivo par le Premier ministre, Christian Ntsay et quelques membres du gouvernement.
La délégation dirigée par Momar Nguer, président du comité Afrique de MEDEF international, est composée d’entreprises issues de différents secteurs : production et fourniture d’énergie et énergies renouvelables, services urbains, infrastructures et transport, BTP et construction, numérique et télécommunications, tourisme, santé ou encore services financiers.
En marge de cette visite qui durera jusqu’au 9 octobre, une rencontre avec les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux est programmée ainsi qu’un forum d’affaires organisé par le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), homologue et partenaire du MEDEF. Les entrepreneurs français visiteront également plusieurs sites industriels.
« Nous sommes ouverts aux relations économiques et posent toutes les conditions nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires comme la lutte contre la corruption et la facilité des procédures » », a lancé Andry Rajoelina lors la rencontre avec cette délégation. Christian Ntsay s’est également exprimé dans le même sens à Mahazoarivo : « Dans l’optique d’émergence, le pays maintient ses engagements dans la lutte contre la corruption pour stabiliser les climats des affaires et politique afin d’accroitre l’attractivité de l’île dans le domaine ».
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Quels sont les principaux intérêts économiques français à Madagascar ?
Historiquement, la France possède une position prépondérante dans le paysage économique malgache. Selon les chiffres du FMI, la France a pourtant perdu sa part de marché diminuer en devenant en 2017 le 3ème fournisseur de la Grande Ile (6,4% de ses importations) derrière la Chine (18,6%) et l’Inde (9,3%). Elle demeure cependant le 1er client de Madagascar en étant destinataire de 24,9% de ses exportations en 2017, suivie de près par les États-Unis (16,5%), du fait de la réintégration de Madagascar dans l’AGOA en 2015.
Selon la Banque Centrale (BCM), avec un stock d’IDE (Investissement direct étranger) estimé à 712 MEUR en 2014 (dernière année disponible), la France se situe en 4ème position parmi les investisseurs étrangers ce qui la place devant le Japon (440 MEUR) et les États-Unis (138 MEUR), mais toujours derrière les grands investisseurs miniers (Royaume-Uni, Canada) et l’Ile Maurice (816 MEUR). Les investissements français se concentrent essentiellement dans le secteur financier, le commerce, les services et les activités extractives.
Selon un article du site de la direction générale du Trésor français, " La présence économique française à Madagascar" publié en début d’année, on recense à peu près 700 entreprises françaises installées dans le pays avec une concentration géographique dans la capitale et les zones urbaines limitrophes. Seules 19% des entreprises recensées se situent dans les autres régions.
Les intérêts économiques français couvrent des domaines très diversifiés. On observe cependant une forte concentration dans les secteurs suivants :
Avec 710,4 MEUR de chiffre d’affaires, le secteur de la fourniture d’énergie et de produits pétroliers occupe la première place, riche d’entreprises à capitaux français actives dans ce domaine : Jovena et EDM (Groupe Axian), Galana et Vitogaz (Groupe Rubis), Schneider Electric, First Energy (Groupe SMTP), Total ; Le secteur de l’industrie de transformation occupe la 2ème place avec 408,1 MEUR de chiffre d’affaires . On remarque une forte domination de la branche agro-industrielle comme JB (Groupe Basan), Socolait, Agrivet (Groupe SMTP), FoodBeverage. D’autres branches industrielles sont également représentées : Holcim-Lafarge (ciment) ; Makiplast, Sacoplast, Technopet et la SMTP (industrie du plastique) ; Air Liquide (gaz industriel) ; Nivo S.A, SICD-Groupe Sipromad (produits ménagers) ; A la troisième position, le secteur des communications et télécoms (296,0 MEUR) regroupe essentiellement les opérateurs téléphoniques : Telma (Groupe Axian), Orange ; la revente de contenus audiovisuels (Canal +) ; les installations d’infrastructures de télécoms (Camusat) ; le conseil en communication (Novo-Comm, France Pub) ; ainsi que la presse économique (Eco Austral) ; Le commerce forme le quatrième secteur d’activités des entreprises françaises avec 287 MEUR de chiffre d’affaires. On y retrouve les principaux acteurs de la grande distribution comme la Société Malgache de Magasins (Groupe Casino) et Leader Price ; les concessionnaires automobiles : Madauto, Sicam (Groupe CFAO), Ocean TradeCo ; les distributeurs grossistes : Soredim (Groupe Taloumis), Netter, Sanifer ; les revendeurs de matériels spécialisées : MC3, Regitech (informatique), HG (médical) ; Enfin, la présence dans le secteur des services financiers (171,8 MEUR) est assez diversifiée. Les banques occupent l’essentiel du paysage avec la BNI, BFV-SG (Société Générale), BMOI et Banque des Mascareignes (Groupe BPCE), Microcred (devenu Baobab Bank en 2018). Viennent ensuite les activités d’assurance : Saham Assurances (ex-groupe Colina) , Allianz, Active Assurances. Les services de financement des investissements prennent une importance croissante avec des entreprises comme Solidis Garantie, Miarakap, ou encore Investisseurs Partenaires. Enfin, des entreprises comme le cabinet Lexel occupent la branche du conseil juridique et fiscal.
D’autres secteurs accueillent des sociétés françaises solidement implantées localement : C’est le cas du transport et de la logistique (78,8 MEUR) : CMA-CGM, AGS Frasers (Groupe Mobilitas), Air France, Bolloré Africa Logistics, Ariva Logistics. Mais également du BTP et matériels de BTP (83,6 MEUR) : Eiffage, Colas, Cimelta (Groupe Rajabali), Sogea-Satom, OTI, Madecasse.
Ces dix dernières années, il y eu également une percée des entreprises françaises dans deux secteurs en pleine croissance comme :
L’industrie textile : une branche constituée d’entreprises bénéficiant du régime des zones franches , avec des sociétés comme Akanjo dont les clients opèrent dans le secteur du prêt-à-porter de luxe et haut de gamme, ou Epsilon, qui fournit les tenues des agents de la Gendarmerie Nationale et de la SNCF ou d’autres exemples comme Ultramaille, Wild, Cottonline (Groupe Socota) et Antana Production. Le domaine du BPO (Business Process Outsourcing), où on recense des sociétés comme Vivetic, Numen, EasyTech, Ariane Etudes, Ibonia. Des sociétés, qui interviennent dans des activités diverses (call center, externalisation comptable, recueil d’informations, internet en back-office…) constituent un relais auprès de grands groupes internationaux qui y sous-traitent certaines activités de back office à des prix compétitifs.
On retrouve également des entreprises du CAC 40 (côtées à la bourse de Paris), implantées à travers leurs filiales ou participations. Elles sont au nombre de 9 dans le pays et pèseraient 397,1 MEUR de chiffre d’affaires : Air Liquide, Colas (Bouygues), Orange, Lafarge-Holcim, BFV-Société Générale, Total, Sogea-Satom (Vinci), Canal + (Vivendi), Schneider Electric (bureau de représentation). Le groupe Accor est quant à lui présent à Madagascar via les enseignes IBIS et NOVOTEL (hôtel en cours de construction dans la capitale) à travers un contrat de franchise détenu par l’entreprise CIMELTA (Groupe Rajabali).
Enfin, l’essentiel de la présence économique française se manifeste au sein des entreprises locales à capitaux français (1,47 Mds d’euros) dont les grands groupes locaux (1 Mds d’euros). Ces derniers sont majoritairement contrôlés par des dirigeants d’origine indienne présents dans la Grande Ile depuis plusieurs générations et qui sont par ailleurs des ressortissants français.
(Source : Site de la Direction générale du Trésor, Ministère de l’économie et des finances française)