Le taux d’accès à l’eau potable s’est amélioré de 4 points depuis fin 2018. Les efforts se poursuivent et auront des impacts socio-économiques considérables, selon la ministre de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, Voahary Rakotovelomanantsoa. Interview.
Midi Madagasikara (MM). Le pays fait face à un manque d’eau. Avons-nous des solutions à ce problème ayant une dimension nationale ?
Ministre Voahary Rakotovelomanantsoa (MEAH). Il s’agit d’un impact de la déforestation et du changement climatique. Comme nous le constatons tous, il y a une défaillance dans l’approvisionnement en eau potable, car cela fait plus de 50 ans que le pays n’a pas investi dans ce domaine. Aujourd’hui, l’entretien des infrastructures ne suffit plus. Il faut investir. D’ailleurs, l’accès à l’eau et à l’électricité pour tous représente le Velirano n°2 du président de la République. C’est donc une grande priorité. Les partenaires de développement sont prêts à appuyer l’initiative du Gouvernement. En 2020, le nombre de personnes ayant accès à l’eau potable a augmenté de 1,5 million. Désormais, le taux d’accès à l’eau potable est de 47%, contre 43% en fin 2018. L’objectif est de porter cet indicateur à 60% en 2023. L’amélioration de l’accès à l’eau touchera les 119 chefs-lieux de districts et les 1693 Communes. L’année dernière, les interventions pour l’amélioration des infrastructures d’approvisionnement d’eau ont déjà touché 52 chefs-lieux de districts.
Quelles sont les actions menées pour avoir cette évolution ?MEAH. L’accès à l’eau ne concerne pas uniquement l’eau potable. En moyenne, 80% de l’utilisation de l’eau sont liés à l’agriculture. L’eau potable consommée par l’Homme ne représente que moins de 10% des besoins d’eau, dans ce pays. Outre l’agriculture, il y a d’autres activités économiques, l’élevage, l’hygiène, l’importance du lavage des mains dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, etc. qui fait du secteur eau, un secteur transversal. A Antananarivo, plus de 120 citernes de 10m3 chacune sont mises en place dans les zones en difficulté. Il s’agit de mesures d’urgence, mais des mesures à long terme sont également mises en œuvre, pour accroître la capacité de production d’eau potable et améliorer les infrastructures d’acheminement de ces ressources. De grands efforts sont également entrepris dans le Sud, dans l’optique d’éradiquer le kere. Nous avons recensé 1323 points d’eau approvisionnés par des forages, qui seront reconvertis en système d’eau. Cela veut dire que l’approvisionnement satisfera tous les besoins de la population en eau, dans divers domaines. Ce processus se fera en trois phases. La première concerne 26 forages dans les régions Androy, Anosy et Atsimo-Andrefana. La deuxième phase est relative à 314 points d’eau à reconvertir. 983 nouveaux forages seront réalisés pour les deux années suivantes. A Ambovombe et Tsihombe, 425 forages seront faits sur trois ans – dont 44 reconversions – et nécessitent un système de désalinisation. Bref, ce ne sont que des exemples, mais les solutions apportées concernent l’ensemble du pays. Il faut juste noter que le Sud a un potentiel en agriculture, mais souffre d’accès à l’eau. De grands investissements y seront menés, pour mettre fin au kere.
Effectivement on parle de pipelines dans le Sud. Quels investissements et quels résultats pourrait-on espérer de cette idée ?MEAH. Nous avons de l’eau à exploiter et de nouvelles technologies de traitement d’eau. Nous avons bien des projets de construction de pipelines pour approvisionner le Sud en eau suffisante. Le premier concerne le dédoublement du pipeline Ampotaka – Tsihombe. 90 Km sur 145 Km sont déjà achevés, avec un financement de 8 millions USD. Les travaux se poursuivront cette année. Le deuxième réseau est sur l’axe Mandrare – Sampoina, avec un financement de 1 million USD. Les travaux débuteront cette année. Le troisième est le pipeline Mandrare – Sampoina approvisionné par une rivière souterraine. Le projet nécessite 46 millions USD et nous sommes à la recherche de bailleurs. Ce pipeline permettra d’approvisionner en eau, 120.000 habitants bénéficiaires et d’irriguer 200.000 ha de surface cultivable sur la plaine d’Ambovombe. Le quatrième pipeline est celui d’Efaho – Ambovombe, dont la première phase nécessite 160 millions USD pour irriguer 24.000 ha de surface cultivable. Ce pipeline mesurera 80 Km et desservira 60 villages dont Amboasary, jusqu’à Ambovombe. Ces projets sauveront des vies, car ils permettront aux bénéficiaires d’entreprendre des activités productives permettant d’améliorer leur résilience, leur nutrition et leur développement socio-économique. En tout, plus de 320 Km de pipelines restent encore à faire. Plusieurs initiatives sont également menées avec les autres départements ministériels, à l’exemple du système économique d’irrigation ou le système goutte à goutte, pour l’agriculture. L’objectif principal est d’améliorer la qualité de vie de la population.
Recueillis par Antsa R.