Banque centrale, institutions financières publiques et les assurances, l’objectif des 73 députés de l’opposition est de bloquer définitivement la machine administrative à partir de cette semaine. La député Hanitra Razafimanantsoa l’a déclaré lors de sa prise de parole sur la place du 13 mai samedi. « Nous allons bloquer les ministères clefs, les institutions financières comme la banque centrale et les assurances dès lundi », a-t-elle annoncé.
Il ne resterait, selon les députés du collectif pour le changement, que quelques ministères à « prendre » durant cette troisième semaine de manifestation sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Malgré les dires du Premier ministre, Olivier Solonandrasana Mahafaly qui a indiqué avec assurance la semaine dernière que la machine administrative fonctionne bien en dépit de la participation de certains fonctionnaires à la grève, les parlementaires sur la place du 13 mai confirment que plus rien ne va dans les départements ministériels et que l’administration publique est quasi-bloquée.
Semaine décisiveCette semaine serait décisive pour les députés de l’opposition qui prévoient de boucler la boucle à partir de ce lundi. Après avoir appelé les employés des institutions financières publiques et les assurances à renforcer les rangs des grévistes, ils espèrent que le combat est terminé. Et il ne leur resterait plus alors qu’à attendre la démission, du Président de la République, Hery Rajaonarimampianina.
Le verdict de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) sur la non-conformité de certains articles des nouvelles lois électorales à la Constitution, qualifié par certains observateurs par le rejet du régime actuel par les Hauts conseillers constitutionnels, n’a visiblement pas changé grand-chose pour les 73 députés de l’opposition et les manifestants.
« La démission du Chef de l’Etat est une condition sine qua non pour le déblocage de la crise politique actuelle dans le pays », réitèrent les députés de l’opposition. Mais la situation semble être complexe parce qu’à multiples reprises, dans ses récentes sorties médiatiques, Hery Rajaonarimampianina a clairement déclaré qu’il ne démissionnerait pas et qu’il ne quitterait pas Madagascar quoi qu’il arrive. Au contraire, il continue de séduire l’opinion, notamment les fonctionnaires en augmentant de 8% leur salaire à compter du 1er mai.
Un accord politiqueBien qu’elle n’a pas l’air d’un événement grave, à l’exception de la première journée du mouvement, cette nouvelle crise politique malgache préoccupe davantage la communauté internationale qui a déjà envoyé des émissaires au pays pour tenter d’amorcer le dialogue entre les protagonistes. Le Conseil œcuménique des églises (FFKM) a également déjà essayé d’engager la discussion entre les députés pro-régime et ceux de l’opposition.
Vers la fin de la semaine dernière, un membre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a évoqué d’une autre tentative de rapprochement des acteurs de cette crise par cette instance qui devrait aboutir à l’établissement d’un accord politique et à la mise en place d’un gouvernement de consensus, afin d’organiser en toute transparence et neutralité les prochaines élections. Mais reste à savoir quand est-ce que cette commission va décider de sortir officiellement de son silence ? Est-ce qu’elle va également être écoutée par les acteurs de la crise politique actuelle ?