James Claudio Razafimahatratra dit « Claudio » affirme sans hésiter que malgré les aléas dans le domaine, le métier de mécanicien et réparateur de motos, notamment de scooters, lui permet de subvenir décemment aux besoins de sa famille qui compte trois enfants. Son atelier se situe en face de l’entrée principale du complexe scolaire d’Ampefiloha. « La belle époque de la réparation de scooters se situe entre 2009 et 2013.
En ce temps-là, nous pouvions gagner plus que ce dont nous avions besoin. Mais par la suite, à partir de 2014, ceux qui pratiquent ce boulot ayant considérablement foisonné, des réparateurs de motos - pas toujours des spécialistes - il en existe aujourd’hui une multitude, dans tous les coins de rue ». En effet, du fait de l’incommodité due aux gênes de la circulation que vivent les gens au quotidien, ils ont fini par jeter leur dévolu sur les motos, essentiellement les scooters, un moyen de locomotion bien plus pratique, permettant de déjouer les bouchons en se faufilant entre les automobiles et d’arriver ainsi à temps à destination. Ainsi, l’importation de scooters d’occasion, une activité fructueuse, et cela pour longtemps encore, continue de faire rage. Les plus prisés sont surtout ceux de marque Yamaha, notamment les Jog 90 ou Jog 50. Ce sont les plus modifiables. En général, les clients, voulant augmenter la puissance et la vitesse de leurs engins, demandent l’alésage du kit complet : chemise-piston-segment.
« Certains réparateurs de scooters sont des connaisseurs, tandis que d’autres, ayant commencé ce travail comme aides-mécaniciens, ne font que tâtonner aux dépens des clients qui ne sont pas satisfaits. Et cela fait partie des facteurs compromettants de notre métier», a confié Claudio Razafimahatratra. « Mais qu’à cela ne tienne, aujourd’hui, nous pouvons gagner suffisamment d’argent pour nourrir nos familles respectives, surtout ceux qui sont de vrais connaisseurs en termes de réparation de motos », a-t-il ajouté. En ce qui concerne les coûts de réparation d’un scooter, il a fait savoir que celui de la vérification, plus le nettoyage de carburateur varient de 4 000 ariary à 6 000 ariary, selon le type de moteur, soit de 2 ou 4 temps. Le coût de la vérification complète du moteur est de 20 000 ariary, celui du réglage d’embrayage est à partir de 10 000 ariary, suivant la durée de la réparation, et le coût de la vérification et de la remise en état de l’équipement électrique varie de 15 000 à 30 000 ariary.
Coureur et préparateur de scooter
La passion de Claudio pour la moto n’a pas démarré par la réparation. Bien avant de défaire les moteurs pour les soigner, il a été préparateur de scooters de course, et non moins coureur, mais dans les compétitions informelles, sur le « By-pass », sinon à Imerintsiatosika. « Je ne conduis que les scooters que je répare, pour m’assurer de l’état avant même de m’aligner au départ des courses. Je courrai pour des gains pécuniaires. Nous avions ce que nous appelions les « patrons» pour payer les mises. En cas de victoire, ils nous donnaient un pourcentage conséquent».
J’ai frisé la mort
Cette période de la vitesse avait cependant pris fin le 28 février 2010, une date que Claudio Razafimahatratra a fixé à jamais dans sa mémoire. « Ce jour-là, après avoir remporté d’affilée deux courses de pointe, je me suis reposé. Mais ce temps de répit était de courte durée car, tout autour, des pilotes, avec leurs copains, m’ont nargué en me défiant pour une dernière manche. A la longue, lassé de leurs railleries à mon encontre, je me suis résolu à reprendre le guidon pour relever le défi pour rabattre leur caquet. Il va de soi que cette ultime course m’était favorable. Alors que j’ai foncé sur la piste environ à 130km/h, une voiture déboula de je ne sais où pour me barrer le passage. J’ai à peine eu le temps de m’étonner que ma moto la percuta en plein flanc. Quand j’ai repris connaissance à l’hôpital Hjra, après une journée et demi d’inconscience, je ne réalisais pas ce qui m’était arrivé. Selon les médecins, j’avais le tibia cassé, la mâchoire supérieure décrochée avec les dents qui ont disparu. Ce n’est qu’après 4 mois que j’ai pu me relever mais à l’aide de béquilles, et après 8 mois, sans les béquilles. A vrai dire, vu les lésions qui me sont survenues, je devais être mort, mais après avoir repris connaissance, j’ai reconnu que j’ai survécu par la grâce de Dieu », a-t-il conté. Aujourd’hui, au même endroit où ses parents ont embrassé le métier de réparateur de moto, Claudio Razafimahatratra continue son activité de prédilection qu’il a héritée de son grand-père paternel Laurent Rakotondranaly. Ce dernier est surtout célèbre pour être le premier à avoir dans les années 70, fait le tour de Madagascar à vélo, et qui est le premier de la famille à être mécanicien et réparateur de motos.
Rivo S.